Le nombre d’employés temporaires explose

Le nombre de travailleurs temporaires a augmenté de près de 60 % en 20 ans, selon les plus récents chiffres de Statistique Canada, comparativement à 33 % pour les employés à temps plein. D’où vient cet écart ?

 Le travail temporaire croît de façon exponentielle au Canada. Entre 1998 et 2018, le nombre d’employés temporaires a augmenté de 57 %, selon les résultats de l’Enquête sur la population active. Cependant, la part de travailleurs temporaires reste faible parmi la totalité de la population active. Cette catégorie regroupe les postes contractuels, occasionnels, saisonniers ou à durée déterminée.

Les personnes les plus vulnérables occupent généralement ce genre de postes : les femmes, les jeunes, les immigrants et les aînés. Il touche plus grandement l’éducation (26 % des postes), l’information, la culture et les loisirs (26 %) ou encore la santé (13 %).

Pour les employeurs, les mandats temporaires séduisent en raison de leur flexibilité. Ceux-ci peuvent en effet recruter pour une mission ou un besoin spécifique des employés aux compétences spécifiques, sans s’engager à long terme. De quoi pallier rapidement et efficacement le manque de main-d’œuvre tout en réduisant les coûts.

Les origines du travail temporaire
Le travail temporaire (ou atypique) a d’abord concerné les étrangers (étudiants, main-d’œuvre agricole, aides familiales) et était réservé à quelques secteurs, comme la restauration. Il se généralise avec la mondialisation et la quête de croissance, comme l’explique Rolande Pinard dans un article sur la précarisation de l’emploi paru dans le magazine Relations en 2011.

Dès les années 1980, la sécurité de l’emploi se réduit à mesure que l’État favorise la déréglementation du travail et facilite les besoins de flexibilité des entreprises. L’arrivée des nouvelles technologies va dans ce sens en réduisant la distinction entre la vie privée et professionnelle.

Tout cela favorise la hausse du nombre d’emplois atypiques. Ils attirent de plus en plus les travailleurs, qui perçoivent le travail traditionnel comme un carcan. Seulement, pour certains, ce n’est pas un choix, mais une nécessité. Les jeunes et les aînés, notamment, y ont de plus en plus recours pour financer leurs études ou boucler leur budget une fois à la retraite.

Précarisation
Le compte-rendu de Statistique Canada reconnaît le double tranchant du travail temporaire. À la fois synonyme de flexibilité pour les travailleurs, il est aussi source de précarité. Le nombre d’heures est plus élevé et le salaire horaire moyen d’un employé temporaire est de 21,80 $, alors qu’il atteint 27,71 $ pour les employés permanents.

Cette précarisation s’effectue aussi à travers les conditions salariales. Les avantages sociaux sont réduits, et réaliser des économies ou épargner pour la retraite se complique. Enfin, les travailleurs temporaires n’ont pas de syndicat ou de possibilités de s’unir pour améliorer leurs conditions ou réduire les injustices.

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