Travailleurs étrangers temporaires: des règles plus strictes

Le gouvernement fédéral a récemment annoncé un renforcement des conditions pour le recrutement des travailleurs temporaires étrangers. Une réforme qui vient contrer une série de dérives récemment dénoncées dans plusieurs entreprises à travers le pays.

C’est le licenciement de 45 employés de la Banque Royale du Canada (RBC), remplacés par des travailleurs venus d’Inde, embauchés dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), qui est venu mettre le feu aux poudres. Le scandale dévoilé par la chaîne CBC a entraîné dans son sillage la découverte d’autres abus du même genre. Pour exemple, la société minière HD Mining International, détenue à 55% par la firme chinoise Huiyong Holdings, stipulait la maîtrise du mandarin dans ses critères de recrutement pour 201 postes à pourvoir en Colombie-Britannique l’année passée.

Dans une lettre ouverte, Gord Nixon, PDG de la RBC, s’est excusé pour son manque de délicatesse envers les employés canadiens. Il a toutefois ajouté, pour sa défense, que l’entreprise Igate, en charge du recrutement des travailleurs indiens, avait opéré dans le plus grand respect des lois canadiennes. Pour sa part, HD Mining International a justifié l’embauche de travailleurs étrangers temporaires avec de tels critères par le fait qu’elle n’avait trouvé aucun candidat canadien capable d’utiliser l’équipement d’origine chinoise utilisé dans la mine.

Les Canadiens prioritaires dans l’accès à l’emploi

Le gouvernement fédéral a donc réagi en prenant le problème à bras le corps et a présenté le 29 avril dernier de nouvelles mesures faisant ainsi machine arrière sur les décisions annoncées l’an dernier. À savoir l’annulation de la possibilité de rémunérer les travailleurs étrangers jusqu’à 15% de moins que les Canadiens et la demande d’analyse accélérée du besoin pour recruter à l’étranger. L’objectif ? Mieux encadrer l’embauche des travailleurs étrangers tout en mettant fin à ces pratiques douteuses.

Lors d’une conférence de presse, Jason Kenney, ministre de la Citoyenneté, de l’Immigration et du Multiculturalisme, a exprimé ses inquiétudes quant à la tournure qu’a prise l’utilisation du programme de travail temporaire des étrangers alors que les Canadiens doivent demeurer prioritaires sur les offres d’emploi. Il a également précisé que ce programme vise à combler une pénurie de main d’œuvre et non pas à remplacer les employés du pays.

Les entreprises devront montrer patte blanche

Pour pouvoir recruter des travailleurs venus hors des frontières du pays, les employeurs devront désormais prouver qu’ils ont tout fait pour trouver leur main d’œuvre au Canada en ayant mis en place un plan visant à former et recruter des candidats canadiens avant de se tourner vers l’étranger. Les entreprises ne pourront désormais plus exiger la maîtrise d’une autre langue que celle du français et de l’anglais. Seule exception : si la maîtrise d’une langue étrangère est une qualification essentielle pour le poste proposé, comme interprète ou guide touristique. De plus, les entreprises devront s’acquitter de frais de dossier plus élevés au moment de faire une demande de visa. Les salaires des travailleurs étrangers seront alignés sur ceux des Canadiens afin de freiner les entreprises tentées par une main d’œuvre meilleure marché. Enfin, le pouvoir du gouvernement sera accru pour permettre de révoquer tout permis de travail et tout avis relatif au marché du travail (AMT) jugé inadéquat. À noter que la plupart de ces mesures figuraient déjà dans le Plan d’action économique 2013.

Des secteurs moins concernés que d’autres

En revanche, tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne pour l’application de ces nouvelles dispositions. Celui de l’agriculture ne sera concerné que par la possibilité de révocation des permis de travail et d’AMT. En effet, le secteur connaît une véritable pénurie de main d’œuvre et les postes disponibles sont bel et bien temporaires. Par ailleurs, le Programme des travailleurs temporaires avait initialement été conçu pour attirer une main d’œuvre étrangère bon marché précisément pour des emplois agricoles. Il a rapidement fait l’objet d’extensions afin de combler des postes vacants qu’ils soient hautement ou peu qualifiés dans tous les secteurs d’emploi. Il aurait vu le nombre de demandes doubler en moins de 10 ans.

Les changements envisagés devraient permettre non seulement de renforcer et d’améliorer le PTET mais aussi de favoriser la reprise de la croissance économique. Enfin, dans le cadre de l’examen en cours, le gouvernement Harper consultera les Canadiens sur d’autres mesures à inclure dans le programme afin de répondre au mieux à leurs intérêts, ainsi qu’à ceux des entreprises.

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